Quelles clefs pour « l’inclusion » des jeunes dans la société ?
Le 24 janvier, Ecolo a organisé à Liège un ciné-débat autour du film « Les Barons ». Une trentaine de personnes ont assisté à la projection du film et au débat qui a suivi. Celui-ci était animé par Nicolas Parent, conseiller communal à Wanze et candidat sur la liste Chambre. Sidi Katumwa, permanent des Travailleurs Sans Emploi (TSE) de la FGTB, et Daniel Cornesse, permanent des TSE de la CSC, avaient accepté d’être les intervenants de notre débat.
« Les Barons » est un très bon film pour aborder la question de l’inclusion, du chômage, de l’épanouissement. Recommandé par Sidi, il nous a permis de lancer un débat important dans une période où l’emploi manque, où le chômage est structurel et où les bénéficiaires d’allocations sociales sont victimes des mesures d’austérité.
Un des éléments pointés par nos intervenants cible la question des liens entre les travailleurs et les chômeurs. Tous les deux permanents syndicaux, ils montrent, par leur travail, que les solidarités entre les uns et les autres sont nécessaires. Pourtant, cette réalité est peu prise en compte aujourd’hui et nombreux sont ceux cherchant à diviser les deux groupes. Or, l’existence d’un chômage structurel et l’importance des personnes émargeant au chômage sont une pression constante sur le travail, et sur les travailleurs. En effet, comment se plaindre des conditions de travail quand il y a derrière tant de personnes qui cherchent un emploi ? Comment ne pas accepter des salaires à la baisse quand le chômage précarise autant ?
Cette question de la solidarité est d’ailleurs ressorti également quand un des participants à soulever le sujet des travailleurs détachés et donc du dumping social entre les pays européens. La concurrence entre les pays pour attirer de nouveaux investisseurs est forte et les travailleurs en sont bien souvent les victimes, pas les gagnants. La tentation du repli semble parfois la réponse la plus simple, mais c’est par la solidarité que nous obtiendrons une amélioration du sort de chacun.
Evidemment, la dégressivité des allocations dans le temps ainsi que la limitation des allocations d’insertion a suscité plusieurs questions et remarques. En effet, certaines personnes présentes sont concernées par ses mesures et s’interrogent sur comment elles pourront vivre. Ces interpellations ont été l’occasion pour les deux intervenants de préciser que les syndicats espèrent, tout comme Ecolo d’ailleurs, pouvoir encore faire modifier ce changement. Et Daniel Cornesse de préciser : « Mettre en place ces nouvelles mesures de restrictions et de limitation des allocations, c’est admettre que les politiques d’activation mises en place depuis 10 ans sont un échec ! ».
Enfin, un des derniers sujets abordés concerne la qualité de l’emploi et les perspectives d’épanouissement qu’il peut apporter. Face à la précarisation grandissante de nombreux travailleurs, face à la redéfinition de ce qu’est un emploi convenable, comment le travail peut-il encore être perçu comme un but à atteindre ? Comment, en tant que jeune ou moins jeune, croire en une amélioration ?
On le voit, les perspectives ne semblent pas nécessairement réjouissantes. L’heure est à la créativité, aux idées innovantes.
Dans ce contexte, Ecolo a mis au cours de la soirée, et mettra à nouveau en avant au cours de cette campagne, deux propositions phares – il y en a d’autres – qui concernent l’emploi mais aussi l’inclusion dans la société.
En matière d’emploi, Ecolo a déposé une proposition de loi instaurant un plan tandem qui pourrait être généralisé à tous les secteurs et qui repose sur une répartition du temps de travail entre les générations. Cette proposition a déjà fait ses preuves ! Elle a en effet été lancée par Thierry Detienne dans le secteur de l’économie sociale au cours de la législature arc-en-ciel, et donne des résultats probants. Concrètement, elle permet aux travailleurs âgés de lever le pied progressivement, et d’être remplacés par des travailleurs jeunes, qui pourront vivre leur première expérience professionnelle et bénéficier d’un tutorat. C’est le concept tout simple du plan tandem. Tout le monde est gagnant : le jeune se forge une première expérience ; le senior peut transmettre son expérience et alléger son rythme de travail en fin de carrière. Qualitativement, l’emploi lui-même est valorisé par cette transmission qui met l’accent sur d’autres notions que la productivité pure. Ce plan tandem s’inscrit dans une démarche plus grande de réflexion autour de la réduction collective du temps de travail qui devrait, selon Ecolo, faire partie des discussions entre les partenaires sociaux .
Nicolas Parent a également conclu la soirée en abordant la proposition d’Ecolo d’instaurer d’un Contrat qui permettrait aux jeunes, à tous les jeunes, de renforcer leur insertion dans la société, à travers le milieu professionnel mais pas uniquement. Ce qu’Ecolo propose, c’est un vrai stage d’insertion rémunéré de 6 à 12 mois en milieu professionnel, social, culturel qui irait de pair avec des missions d’utilité publique auprès d’organismes agréés. La sortie des études est une période cruciale pour se situer dans la société et élaborer son projet de vie. Celles et ceux qui en ont les moyens et qui n’ont pas encore trouvé leurs voies en profitent pour partir à l’étranger, voyager, se lancer dans un projet non rémunéré. Cela participe à leur insertion dans la société. Tous les jeunes n’ont pas cette chance. Le Contrat jeune vise à répondre à cela. Il s’agit d’un vrai stage d’insertion et non pas d’un stage d’attente déguisé qui laisse les jeunes sur le banc, renforce la précarité et accentue le décrochage. Il s’agit évidemment d’une inversion de la logique fédérale actuelle. Mais c’est notre responsabilité en tant qu’écologiste de porter haut ces combats durant cette campagne.
Bien entendu, ces propositions ne sont pas exhaustives mais elles doivent être mises en place dans les mois à venir. L’augmentation croissante du chômage, en particulier des jeunes, nécessite des décisions urgentes qui ne visent pas à une augmentation croissante de la précarité, comme nous avons pu le voir jusque maintenant.
La jeunesse, c’est la base de tout : de notre richesse ou de nos échecs en tant collectivité. A nous de jouer.
Nicolas Parent,
2ème sur la liste Chambre
Joanne Clotuche,
Animatrice du groupe zone urbaine en transition